Economie : et si le Tchad était un pays agricole

Pays enclavé de l’Afrique Centrale, le Tchad est situé entre les 7ème et le 24ème degré de latitude Nord et les 14ème et 24ème degré de longitude Est. Cette situation lui procure un climat de type continental chaud (climat tropical), avec une pluviométrie qui varie, du Nord au Sud du pays, entre 100 mm et 1.200 mm par an, influençant largement le système de production agricole. Ce climat tropical offre au Tchad trois grandes zones climatiques. Ces zones agro-écologiques, avec des potentialités naturelles et productives spécifiques sont, du Sud au Nord,  la zone soudanienne, la zone sahélienne et la zone saharienne. Présentation de ces potentialités.

La zone soudanienne s’étend sur environ 10% du territoire national. Elle est la zone agricole par excellence car elle dispose d’énormes potentiels : la présence des sols diversifiés dont les sols ferralitiques, ferrugineux, des halomorphes, des hydro morphes…, aptes aux activités agricoles grâce à leurs capacités de maintien de l’humidité. La pluviométrie et ressources en eau suffisantes ne sont pas du reste. Elle enregistre jusqu’à 1200 mm des pluies par an et est marquée par la présence du Chari, du Logone, et beaucoup d’autres cours d’eau pouvant favoriser les aménagements hydroagricoles. 

Cette zone méridionale est aussi caractérisée par des systèmes de production diversifiés, associant les cultures vivrières (céréales, légumineuses, oléagineux cultures maraichères et fruitières, racines et tubercules etc.) et la culture du coton. Cette possibilité de diversification est le fruit de la variabilité du relief dominé par les plaines exondées favorables aux cultures vivrières et à celles inondation aptes au maraichage ou aux cultures de contre saison.

A ces potentiels, nous ajoutons l’importante de la population (50% population du pays). Cette population nombreuse est aussi jeune composée des personnes valides pouvant constituer une main d’œuvre valide pour l’agriculture étant donné qu’elle utilise une main d’œuvre familiale à priori. Toutefois, il importe de noter que dans la zone soudanienne l’analyse du système de production fait ressortir, l’importance de la culture du coton dans l’économie des exploitations familiales malgré les difficultés que connait la filière coton ces dernières années obligeant les exploitants à s’orienter davantage vers d’autres spéculations porteuses, notamment : le maïs, l’arachide, le riz, le maraîchage, l’arboriculture, les plantes à racines et tubercules (igname, taro, manioc, etc.).

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La seconde zone c’est-à-dire la zone Sahélienne, occupe 43% du territoire national et doit son hétérogénéité à une pluviométrie variant entre 100 et 600 mm. Cette hétérogénéité occasionne l’agriculture qui y est largement pratiquée. Les principaux potentiels agricoles sont relatifs aux cultures des penicillaire, sorgho, bérébéré, maïs et le blé pour les céréales, arachide et sésame pour les oléagineux et tubercules (manioc, patate douce) par endroit (région du Chari Baguirmi, Guéra, Salamat et Lac). Le riz et les produits maraîchers sont cultivés dans les bas-fonds, les ouaddis et tout au long du fleuve Chari. Il convient de préciser que le Ouaddaï est une zone de grande production d’oignon et d’ail. L’arboriculture périurbaine peuvent aussi se développés dans cette zone (Abéché, Am Zoer, Bitkine, Mongo, etc.). Aces éléments, nous ajoutons la population relativement importante 47% population du pays qui constitue une mais d’œuvre et surtout un marché auquel les produits agricoles peuvent être vendu et redistribué sur l’ensemble du territoire national.

En fin, la saharienne qui s’étend sur 47% de la superficie du pays est caractérisée par une pluviométrie moyenne annuelle inférieure à 100mm. Cependant, dans système oasien complexe l’on peut produire de dattes et faire une agriculture irriguée de subsistance. C’est essentiellement la zone de production de dattes, donnant lieu à un courant d’échange soutenu entre la région de Faya et le reste du pays. On y dénombre plus d’un million de palmiers repartis sur l’ensemble des plantations totalisant 6 à 7.000 ha. En plus du palmier dattier, on peut y pratiquer la culture des arbres fruitiers, du blé, mil, des légumes, et des cultures fourragères pour couvrir les besoins des exploitants locaux. Cette zone est prédisposée à un système d’intégration agriculture/élevage intensif du fait des espaces agricoles limités et d’importantes ressources en eau artésiennes facilement exploitables par les méthodes d’irrigation modernes.

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Pour l’ensemble, le Tchad dispose d’un potentiel des terres cultivables de 39 millions d’ha, représentant 30% du territoire national et 5.6 millions d’ha de terres irrigables, dont 335. 000 ha sont facilement irrigables. Les superficies cultivées annuellement sont d’environ 3 millions d’ha, dont les 2/3 sont cultivés en zone sahélienne et le 1/3 en zone soudanienne, représentant à peine 1 % des potentialités du pays.  En zone sahélienne, malgré que les terres soient d’une faible aptitude à la production en raison de la nature sablonneuse des sols, ils existent d’énormes possibilités fabrication des compos pour qu’elles soient amendées. En zone soudanienne, par contre, les sols de nature latéritique ou argileuse sont largement exposés aux phénomènes érosifs, nécessitant une bonne gestion des ressources ligneuses et l’adoption de pratiques antiérosives et de préservation de la fertilité. Les pratiques d’amélioration sont possibles grâce à la possibilité de la technique de parcage des animaux et l’utilisation de la fumure organique dans la zone sahélienne et l’assolement/rotation et l’agroforesterie en zone soudanienne.