Agriculture : ces partenaires d’éternelles aides sans impact au Tchad

Le Tchad présente un paysage naturel favorable à l’agriculture. Malgré tout ce potentiel agricole, il vit une situation absolument scandaleuse et n’arrive surtout pas à s’auto-suffire au plan alimentaire. Actuellement, plusieurs millions de Tchadiens sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë, suite à une baisse inquiétante de la production agricole.

La distorsion entre les potentialités naturelles et la montée en flèche de l’insécurité alimentaire pousse le gouvernement à changer des stratégies et politiques. Il se tourne ainsi vers les partenaires nationaux et internationaux pour tenter de supporter les ailes de l’agriculture tchadienne. Plus d’une soixantaine d’accompagnement technique et financier du secteur agricole. Ne faudra-t-il pas dresser le bilan afin d’identifier les réussites et les ratés ?

Radioscopie des partenaires qui accompagnent le secteur agricole tchadien

Le Tchad a bénéficié d’un accompagnement agricole depuis la période pré indépendance, qu’il soit technique, financier ou scientifique. De nombreux partenaires au développement bilatéraux et multilatéraux apportent leur appui aux efforts du Gouvernement en finançant sous forme de prêts et de subventions plusieurs programmes et projets du secteur rural. Dans le cadre des coopérations diplomatiques et multisectorielles, les Etats tels que la France, la Suisse, l’Allemagne, sont des partenaires agricoles du Tchad de longues dates, par l’entremise des entités interposées.

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Dans ce dossier, il n’est pas évident de dresser une liste toute complète de ces partenaires, en raison de soit des séquences de leurs interventions, soit de leur degré d’implication dans le secteur.

L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), si bien qu’elle ne soit le plus vieux partenaire agricole du Tchad, sert d’un carrefour dans sa politique nationale agricole. La FAO a ouvert son bureau au Tchad en 1977 et se trouve dès lors (selon aussi sa mission globale) au centre des orientations stratégiques de développement rural et de sécurité alimentaire définies par les autres partenaires. Elle accompagne le Gouvernement tchadien dans la formulation, la mise en œuvre et le suivi des principaux programmes et projets à travers notamment l’offre de son expertise. Comptant plusieurs projets en exécution, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture protège des moyens d’existence des ménages et groupements communautaires vulnérables en leur  fournissant des intrants agricoles et l’expertise pour renforcer la capacité des organisations de producteurs.

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La Banque Mondiale, partenaire clé du Tchad dans tous les secteurs de développement, finance les programmes et projets agricoles d’envergure nationale. La mise en place du Projet de Renforcement de la Résilience Climatique et de la Productivité Agricole Durable (ProPAD) en est un exemple parmi tant d’autres.

La coopération entre la France et le Tchad dans le domaine de l’agriculture est aussi remarquée à travers l’Agence française de développement (AFD) qui finance par exemple à hauteur de 9.5 millions d’euros, la remise en eau sur une longueur de 38 km du Bahr Linia, bras mort du fleuve Chari et l’action du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) qui offre un accompagnement dans le domaine de recherche.

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L’Allemagne intervient aussi depuis plusieurs années dans le développement du secteur agricole tchadien grâce au GIZ, une institution de la Coopération Allemande au Développement dont la mission essentielle est la mise en œuvre des projets et programmes dans les secteurs du développement économique et social en République du Tchad.

La Suisse reste aussi un bailleur de fonds non négligeable dans l’agriculture tchadienne. Elle est représentée au Tchad par le Bureau de la coopération suisse qui concentre ses activités dans trois domaines stratégiques dont l’agriculture et sécurité alimentaire. Le Bureau de la coopération suisse appuie l’application d’un cadre légal favorable au développement des filières agricoles, à l’image de la loi sur les semences et la redynamisation des filières de karité et d’arachides.

Le Groupe de la Banque Africaine du Développement (BAD et FAD) est intervient depuis 2022 dans le secteur agricole à hauteur de 30,5% du volume global du financement du secteur rural. Les actions de la BAD sont orientées dans la maîtrise de l’eau et la gestion des ressources naturelles. La plupart de ces actions se trouve en zone sahélienne.

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A côté de ces bailleurs de fonds, évoluent d’autres partenaires techniques et financiers comme la Banque Arabe pour le Développement Economique de l’Afrique (BADEA), le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) et le Programme Alimentaire Mondiale (PAM). Les ONG telles que : INADES-TCHAD, World-Vision, OXFAM, AFRICARE, CARE/TCHAD, CECADEC, SECADEV, BELACD, etc. Offrent également un appui multiforme à l’Etat tchadien pour le développement et la modernisation de son secteur agricole.

Un soutien aride, rébarbatif, désertique et infertile.

En termes de bilan, qu’il relève des ONG ou des partenaires onusiens, le soutien à l’agriculture n’a produit aucun effet consistant sur le quotidien des populations tchadiennes. Les productions agricoles sont devenues de plus en plus faibles qu’elles ne l’étaient dans les années 60. Cette régression fratricide arrive à questionner sur la stratégie d’aide des partenaires de l’agriculture tchadienne. Il va sans dire que ceux-ci ne s’arrêtent guère un petit instant pour évaluer sainement leurs investissements et réorienter les axes d’interventions.

Dans le domaine technologique par exemple, l’agriculture tchadienne est la moins modernisée de la sous-région. Le soutien des partenaires dans ce sens, s’il était efficient, aurait déjà modifié cette tendance qui, sans doute, constitue une porte de gloire l’agriculture tchadienne. Avec une démographie galopante de la population, il est va de soi é la problématique d’accès à la terre se pose réellement et de façon régulière. Il importe donc d’encourager l’agriculture intensive, avec à la clé, la subvention en intrants agricoles qui relève de la bonne foi de ces partenaires. Auquel cas, la présence de ses partenaires aux côtés de l’Etat tchadien n’est que diplomatique et de nul effet.

L’inadéquation entre les solutions implantées par les partenaires en appui à l’agriculture tchadienne et les besoins apparents des populations (paysannes ou non) laisse aussi pose la question de l’importance de ces entités dans ce secteur. Nous ne saurions appeler à leur départ du sol tchadien, mais du moins les convoquer à une politique agricole basée sur le « réel » des paysans et non sur des études biaisées des politiciens et le suivi torturé par des détourneurs sans agenda. Une dernière carte peu encore jouée.