Tchad : La prééminence de l’instabilité dans le nord

Au lendemain de la fin du dialogue national inclusif et souverain, le FACT a clairement indiqué dans un communiqué de presses, qu’au regard des résolutions adoptées par les participants à ce dialogue, sa lutte armée prenait tout son sens. Il avait appelé les forces vives à l’intérieur du Tchad de s’organiser autour d’un seul leader, une façon d’annoncer leur intention de reprendre la bataille contre les forces gouvernementales.

Selon nos informations, bien qu’ayant perdu assez de ses hommes lors des accrochages d’avril 2021 contre les forces gouvernementales, les éléments du FACT se renforcent progressivement en nombre et en moyens. Eux qui ont combattu aux côtés du général dissident, Khalifa Haftar, contre le gouvernement d’entente nationale (GNA) soutenu par l’ONU. Or, l’on sait que les forces dirigées par le général Khalifa Haftar, qu’a soutenu le FACT contre le GNA, est fortement soutenu par les paramilitaires russes de Wagner. Depuis l’incursion d’avril 2021, les éléments du FACT ont bénéficié de l’assistance médicale et logistique du groupe paramilitaire russe, sur le terrain. Ce serait toujours le groupe russe qui fournirait des renseignements aux troupes du FACT. Officiellement, il n’y a pas d’accord qui ait été signé entre le FACT et Wagner, mais une collaboration des faits est observée. Ce qui amène le pouvoir en place à voir les puissances étrangères dans toute contestation. Et le gouvernement de transition a déjà dénoncé la collaboration entre les opposants politiques qui le contestent et l’opposition armée, qu’il accuse d’être de mèche.

En janvier dernier, les éléments rebelles ont enlevé un chef de commandement militaire se trouvant dans un poste avancé à Kouri Bougoudi dans la province du Tibesti, à l’extrême nord du Tchad, se trouvant à la frontière avec la Libye. Ce poste a été anéanti par les rebelles du FACT. Ceux-ci travaillent le terrain de sorte à favoriser la mise en place de leur base, solidement, dans ce département de Kouri Bougoudi, comme a témoigné le Président de transition, Mahamat Idriss Deby Itno, qui a reconnu le 4 juin 2022, que « c’est une région qui est assez peu peuplée, difficile à contrôler, et la particularité des mines de Kouri Bougoudi aussi, c’est qu’elles sont à la frontière libyenne, qu’en Libye il n’y a pas d’Etat -il y a des milices-, et aussi des rebelles tchadiens qui ont plusieurs fois attaqué Kouri Bougoudi et empêché l’armée tchadienne de contrôler la zone ».

Le général Mahamat Idriss Deby Itno affirmait cela lors de son déplacement le 4 juin après le sanglant affrontement qui a eu lieu dans la nuit du 23 à 24 mai 2022. La présence des rebelles dans l’extrême nord du Tchad est incontestable. Mieux, le Tchad n’avait pas de contrôle sur ce territoire, avait également avoué Mahamat Idriss Deby Itno « Nous avons effectué plusieurs opérations de déguerpissement, mais malheureusement, ça a toujours été un échec ».

Mahamat Idriss Deby Itno avait annoncé, au cours de cette descente, une reprise en mains de cette localité « Maintenant, nous avons pris des mesures drastiques : le ministre des Finances est déjà là, le ministre des Mines est déjà là ; ils vont installer des comptoirs qui permettront de légaliser l’orpaillage». Force est de constater que plus de cinq (5) mois après cette annonce, rien n’a été fait et cette partie du pays demeure sous le contrôle des mouvements rebelles ayant refusé de signer l’accord de Doha avec le gouvernement tchadien. Au contraire, ils se sont mis en coalition pour fédérer leurs forces et leurs moyens de lutte. Par ailleurs, les autochtones se sont radicalement opposés à l’installation des comptoirs et autre contrôle de l’Etat, et nous sommes en face d’un autre échec du gouvernement.

En fin janvier, le comité d’autodéfense a contraint le gouvernement au retrait de ses troupes.