Démembrements de la CONOREC : Saleh Kebzabo se fait rouler dans la farine

Saleh Kebzabo et Limane

Le 4 avril courant, le parti UNDR du premier ministre, a accusé le Mouvement patriotique du salut du feu Maréchal d’avoir caporalisé la mise en place des bureaux de la CONOREC. Pour l’UNDR les bureaux provinciaux de la CONOREC sont « composés presque exclusivement de ses militants sans attitude de consensus entre acteurs de la transition ».  Celui-ci se dédouane et invite l’ancien parti d’opposition « de revoir sa copie au lieu d’accabler le MPS d’accusations aussi graves et que sans fondement ». Mais en réalité, il se trouve que le Mouvement patriotique du Tchad s’est tiré d’affaires en ayant une clef de répartition qui joue pleinement en sa faveur.

Les alliances au entre les protagonistes au pouvoir sont véritablement un deal de dupe. Il suffit de voir la clef de répartition des démembrements de la fameuse CONOREC pour s’en convaincre. Et d’en déduire que les autres partis politiques impliqués dans processus de transition sont de véritables « accompagnateurs » du parti du défunt président Deby.

Si l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) qui crie haro en se rendant tardivement compte de l’avance que prend le MPS sur le déploiement du processus, c’est aussi la preuve que l’UNDR s’apparente à un dindon de farce pour le système MPS, vieux de plus de trente ans et expérimenté dans les fraudes électorales et fourberies politiques. A dire vrai, la machine de fraude de toutes les échéances à venir est mise en marche depuis plusieurs mois. Et il sied de s’étonner de l’attitude de l’UNDR, qui clame avoir d’expériences et fort de sa présence à la bonne position d’Etat, qui fait preuve d’ignorance et qui se laisse ainsi acculer par le MPS pour être ainsi piégés par la subtilité des textes élaborés pour encadrer ce processus.

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Selon les termes du communiqué du MPS qui semble évidemment fondé d’argument, « la commission provinciale est composée des treize (13) membres, dont six (6) membres désignés par les chefs de services déconcentrés de l’Etat (suivant la proposition du gouverneur qui est le président provincial de la CONOREC), trois (3) représentants des partis politiques et trois (3) représentants de la société civile ».

Dans les départements, « la CONOREC, en plus du préfet qui est le président est composée des quinze (15) membres, dont sept (7) membres désignés par les chefs de services déconcentrés de l’Etat (suivant la proposition du préfet), quatre (4) représentants des partis politiques et trois (3) représentants de la société civile ». De même, dans les sous-préfectures « la commission est composé des onze (11) membres présidée par le sous-préfet » alors que les 10 autres membres sont « désignés parmi les fonctionnaires de l’Etat ».

Un accaparement apparent des bureaux

A la vérité, des informations que le MPS lui-même diffuse, ses délégations dépêchées partout ont installé des bureaux provinciaux et autres de la CONOREC. Il est connu de tous que tous les gouverneurs, la majorité des préfets et sous-préfets sont des militants invétérés ou dissimulés du MPS. Lorsque la loi prévoit que ceux-ci ont des présidents des bureaux de démembrements de la CONOREC provinciaux, départementaux et sous-préfectoraux, il ne fait l’ombre d’aucun doute que ces militants du MPS attitrés travaillent dans l’intérêt de leur parti.

Le deuxième niveau d’accaparement du processus est manifeste à partir du moment où il est prévu que la majorité de places soit octroyée à des chefs de services déconcentrés de l’Etat, qui sont eux aussi en majorité de militants ou partisans du MPS. Si les chefs de services déconcentrés de l’Etat ne sont pas partisans du MPS à cent pour cent, il va de soi que les présidents des bureaux de démembrements travaillent à tailler la part belle à leur parti.

La présence prépondérante des représentants de la société civile, elle aussi, procède de la manœuvre visant à renflouer les équipes du MPS dans ces instances. Les associations de la société civile étant connues pour être largement partisanes du MPS dans les différentes villes. Elles sont exclusivement dévouées au MPS dans la majorité d’une bonne partie des provinces du Tchad. Tout laisse croire que c’est le MPS qui opère avec force dans l’organisation du référendum constitutionnel. Mais c’est encore sans compter avec le fait que sur les trois représentants des partis dans le quota, il est prévu une répartition suivante : un représentant du MPS, un représentant des parti alliés au MPS et un représentant des partis supposés d’opposition.

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C’est donc une escroquerie politique de haut niveau qui se produit silencieusement pour que le MPS prenne en otage l’organisation du référendum et préparer au mieux les premières élections post-transition. Bien préparé à ce jeu de fraudes tissé depuis de longues années, le parti à l’oriflamme guerrière qui n’a rien perdu de ses « armes miraculeuses » de duperie se précipite en taclant l’UNDR en vue de faire croire à l’opinion publique qu’il mène uniquement un exercice anticipatoire sur le terrain. « la sensibilisation que mène le MPS vise naturellement à encourager les candidatures de ses militantes et militants pour les postes à pouvoir suivant le quota fixé et attribué à des partis politiques », s’en délecte le secrétaire général premier 2ème adjoint, chargé de la communication, de la mobilisation, de la sensibilisation, porte-parole du parti, Me Jean-Bernard Padaré. C’est à croire que « tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute », pour reprendre l’écrivain français, Jean de la Fontaine dans Les Fables.

Le gouvernement peut-il restaurer la confiance ?

Le MPS qui ne s’est pas empêché de se  livrer à la dispensation de leçons politiques et militantes à l’UNDR semble se moquer sans modération de lui du fait d’être victime de sa propre turpitude, lorsque le communiqué brandit que « si anticiper, prévoir et s’organiser ne font pas partie de son logiciel stratégique, l’UNDR ferait mieux de revoir sa copie ». C’est dire combien, le parti majoritaire au pouvoir, actuellement, trouve en l’UNDR un parti mal organisé qui, bien que, selon les termes du communiqué « membre à part entière et acteur majeur de la transition », est déboussolé au point de ne rien maîtriser du processus que son propre président – premier ministre, Saleh Kebzabo- pilote. Le MPS qui l’invite d’ailleurs d’avoir « un comportement responsable en phase avec le consensus et le l’inclusivité ».

En réalité, l’UNDR dit vrai quand il dénonce cette pratique malicieuse que développe le MPS afin monopoliser tout le processus en sa faveur. Sauf qu’ils sont responsables de cette absence de transparente et qui coupables de ce qui adviendra. Fidèle à sa mauvaise foi, le MPS prétend que « si l’objet voilé de cette accusation porte sur les enjeux politiques du référendum constitutionnel, le secrétariat général du MPS tient à souligner que l’UNDR comme le MPS sont pour l’Etat unitaire décentralisé». Un raisonnement, somme toute, réducteur. Aussi, cet aveu vient confirmer malheureusement que ce référendum ne présente finalement aucun enjeu sérieux.

Face à cette zizanie qui renseigne long sur la discorde qui vient confirmer également l’exclusivité, l’on se demande s’il est encore opportun d’organiser ce référendum qui est censé se prononcer sur des questions sensibles et préoccupantes des acteurs politiques et pour le peuple tchadien ? Pendant cette période transitoire scrutée de tous, un fiasco désormais évident de ce référendum sera susceptible d’entraîner de graves crises politiques. Le manque de la réelle volonté de jeter les bases consensuelles et crédibles de la refondation du pays par le président de la transition, Mahamat Idriss Deby, est une preuve de plus que rien de sérieux n’est à attendre.

Dans ces conditions, il convient d’exhorter à reprendre tout le processus et de la bonne manière pour espérer sortir de cette situation totalement opaque. Sinon, il faut s’attendre à ce que le Tchad retombe dans des péripéties malheureuses de l’époque que les Tchadiens avaient déjà vécue. La fragilité du pays est toujours prédominante. En ce sens, anticiper pour sauver l’essentiel est un devoir suprême que pour un gain politique partisan. Puisque le consensus, qu’on le veuille ou non, a volé en éclats.