« Dans une ville, il y a le centre et la périphérie », caricaturait un Tchadien le samedi passé, au sujet de la dynamique insufflée du nouveau Premier ministre du Tchad contrairement aux autres.
Dès sa nomination, il crée une rupture avec les vieilles habitudes. Pendant que l’ancienne équipe du premier des ministères travaillait à la passation de service, il a déjà rendu public son gouvernement. C’est ici que se justifie l’expression « prendre le terreau par les cornes ». Aussi bien qu’il rompt avec les vieilles pratiques qui ne sont en réalité que les formalités, il concrétise ses anciennes déclarations d’après lesquelles « chez les Transformateurs, nous sommes prêts à gouverner avec toutes solutions prêtes ».
Il n’attend pas que son équipe gouvernementale puisse s’installer avant de lancer la machine face au goulot d’étranglement, qui est la foultitude de crises qui parsèment la vie des Tchadiens. C’est ainsi que, pour reprendre son expression, reprise désormais par ses collègues ministres, « ils ont retroussé les manches » dès jeudi, et le ministre de l’Education nationale, Dr Ndolembai Sadé Njesada, a rencontré les enseignants qui sont en grève depuis deux mois. Le vendredi, deux rencontres avec différents acteurs rivaux de la grève, successivement. Et les résultats sont là : la reprise des classes ce lundi.
Certains ‘’ grands intellectuels tchadiens’’ avaient même prophétisé l’échec de ces consultations, parce que, selon eux, le Premier ministre ne devraient pas rencontrer le Bureau déchu du Syndicat des enseignants du Tchad (SET). Or, pendant que ces prophètes de malheur publiaient leur ‘’prophétie’’ sur les réseaux sociaux, Dr Masra Succès, étaient en pourparlers avec les membres du Comité de crise… Au lieu de reconnaître que le Monsieur est à l’heure et même en avance, ils ont passé tout leur temps à attaquer son engagement à vouloir consacrer deux heures de son week-end pour assurer « des cours de rattrapage », contrairement à l’extrapolation insinuée ou par ignorance de certains ‘’pharisiens’’, excèdent mais grave.
Des annonces salutaires du PM
Pour donner du sens à la reprise des cours, rassurer les élèves et parents sur la possibilité de rattraper les heures perdues, ce qui n’est, néanmoins, pas facile, mais aussi faire de l’école non seulement une priorité mais lui donner toute une valeur et importance sur le plan national, le Premier ministre a annoncé consacrer deux heures de son week-end au rattrapage des cours. Il a invité ses collègues, qui le peuvent d’en faire de même. Dans son interview dimanche sur la télévision nationale, il a expliqué davantage cette innovation. Il s’agit de « mobiliser toute la société tchadienne » à la cause de l’éducation, jusqu’aux parents, comme certains le font déjà.
Bien que certains Tchadiens râlent encore de cette annonce, MS ne s’est pas arrêté là, comme il sait bien le faire. Il annonce renoncer à son salaire à 100% « Tout travail mérite son salaire, dit-on. Moi, je ne me vois pas en train de travailler. Je suis en mission ». Chacun faisant son travail, comme on le dit, les moqueurs ont toujours trouvé de quoi râler.
On comprend que l’on a affaire, non pas à un esprit critique, donc constructive, mais un esprit d’oppositionnisme absolu. Non pas par ceux du système que nous croyons être contre les bonnes pratiques gouvernementales, mais ceux qui longtemps, semblent plaider pour la bonne gouvernance… Comme quoi « c’est l’hôpital se moque de la charité ». Chaque Tchadien saura apprécier cette vague de crieurs publics.
La critique est utile dans une démocratie. Le contraire n’est pas justifiable, quoi qu’il arrive. Mais seulement la critique n’est pas que négative. C’est pourquoi, très simplement, il faut reconnaître quel que soit ce qu’on désire reprocher à Succès Masra en tant qu’individu ou chef du parti Les Transformateurs, il faudra lui reconnaître son courage à amorcer un début de solutions aux multiples problèmes tchadiens, en tant que PM. Le proverbe kanembou illustre bien qui dit « même si on déteste le porc, il faut reconnaître qu’il est gras ».
Pourquoi il faut plutôt encourager Masra ?
A la réalité des choses, sans être dans une sorte d’optimisme béat pour la capacité à tout réussir du nouveau Premier ministre là où ses prédécesseurs ont royalement échoué, apportons-lui plutôt nos énergies positives pour qu’il soit encouragé à courir davantage loin, s’il était nécessaire. Au cas contraire, il faudra se taire que de tomber dans une sorte de mesquinerie qui devient, pour certains, ridicule. Mais s’il échoue dans ses premiers pas, critiquons-les ! Mais commencer à critiquer avant d’avoir vu les choses, c’est contre-productif quand-même.
Le Tchad est paralysé à tout point de vue et le mental du bas peuple est complètement épuisé, à cause de mode de gouvernance sans résultat des gouvernements successifs depuis l’indépendance du Tchad, au point d’être partout en queue de peloton et premier dans des choses négatives. Dans ces conditions, le premier gage de mobiliser la société réside dans la capacité d’insuffler un nouvel air. Et seules les annonces chocs sont susceptibles de redonner confiance et donc de régénérer les énergies nouvelles. Et pour cela, il en faut pour autant que Masra mette forcément sa tête à prix.
Les actes posés bien qu’insignifiants, leur symbolique est plus que tout ce qu’on peut offrir de matériel à une communauté. Pourvu que cet élan de solidarité et de sacrifice soit partagé par tous, l’ensemble des efforts consentis produiront les résultats à différents niveaux. Puisque « réussir le changement, c’est mobiliser la société », dirait un certain François Hollande en début d’été 2012. Donner de l’espérance au peuple, c’est l’essentiel.
Sinon, pourquoi voudra-t-on que le Premier des ministres, Masra Succès, fasse les choses que ces prédécesseurs les ont faites dans le passé alors que le respect de la tradition institutionnelle depuis 63 ans n’a produit des résultats que faire du Tchad le dernier pays en tout ? Laissons le jeune PM inventer sa façon de faire, peut-être que cela apportera un changement.
Quand on lui demande, par exemple, de présenter son programme devant les Conseillers nationaux avant de travailler, pense-t-on véritablement que cela valait la peine plutôt que de voir les élèves à l’école pendant même que ces derniers sont en congé parlementaire de 30 jours ? Bon sang ! Mais, comme du point de vue communicationnel, les controverses que les actions du PM suscitent sont à son avantage, à l’avantage de sa célébrité, c’est tant mieux pour lui. Et, Masra a marqué sa première semaine de manière magnifique, occupant l’épicentre des conversations publiques à un haut degré.