Félicien Kabuga, financier présumé du génocide au Rwanda en 1994 a été déclaré « inapte » à être jugé, mercredi, par un tribunal de l’ONU basé à La Haye. Il n’y aura donc pas de procès à son encontre. La page est définitivement tournée. De toutes les personnes poursuivies pour leur rôle présumé dans le génocide rwandais, Filélicien Kabuga est certainement l’un des plus chanceux.
Félicien Kabuga ne sera donc pas jugé par la CPI. L’homme, 84 ans, est considéré comme le premier actionnaire du génocide rwandaise en 1994 et l’un des bras financiers du génocide. Proche des cercles restreints du pouvoir Habyarimana, il est également l’un des concepteurs et bailleurs de la tristement célèbre Radio mille collines, l’organe de propagande des génocidaires.
Félicien Kabuga est déclaré inapte à être jugé par un collège de deux psychiatres et un neurologue qui ont posé un diagnostic de démence d’origine vasculaire, selon nos confrères de l’Observateur Paalga. Il a échappé plus d’un quart de siècle, se faisant passer plusieurs fois sous un faux profil, pays en pays. Il a été cueilli dans l’appartement d’un de ses fils en région parisienne en mai 2020 et présenté à la justice le 29 septembre 2022. Mais le procès qui allait déjà à pas de tortue avait été suspendu en mars 2023, le temps de statuer justement sur son état de santé. Aujourd’hui, les juges de la CPI ne sauraient prononcer le verdict de Félicien Kabuga. Mais cela ne le déculpabilise pas. Les juges pourront dire que l’accusé n’est pas innocent des faits dont on l’accable.
Les victimes, doublement victimes
Victimes du génocide, les rescapés de ce tragique moment de l’histoire du Rwanda et les autorités rwandaises, viennent encore de subir un second drame judiciaire. Ne jamais voir Kabuga devant la barre, lui qui est considéré comme le dernier commanditaire du génocide, est une injustice de plus. Leur amertume est énormissime au point de se demander s’il valait vraiment la peine de perdre tous ces temps et argents dans cette longue et malheureuse procédure judiciaire. L’espoir de voir Kabuga condamné s’est volé en éclat. Leur bourreau a toutes les chances de mourir de sa belle mort dans son lit ou de plus dans un lit d’hôpital. A l’ouverture du procès, le 29 septembre 2022, les Rwandais, particulièrement, étaient impatients d’entendre la version de cette grosse légume du régime de Juvénal Habyarimana, pour continuer de faire leur deuil. Hélas ! La question légitime que l’on se doit de la poser est celle de savoir si le plan dit de Kabuga ne va pas servir de modèle à d’autres criminels politiques.
Les faits niés jusqu’au déclin
L’homme d’affaires a refusé de comparaître devant le tribunal ou à distance au début de son procès et y a ensuite pris part via visioconférence, en fauteuil roulant, depuis le quartier pénitentiaire des Nations unies à La Haye. Il a plaidé non coupable des accusations selon lesquelles il avait été impliqué dans la station de radio radicale hutue ayant exhorté à tuer des « cafards » tutsis lors du massacre de 1994 au cours duquel 800 000 personnes sont mortes. Il a également nié avoir fourni des machettes ou d’avoir soutenu autrement les milices hutu Interahamwe, selon l’AFP