Devant plus de 200 chefs de partis politiques, réunis à la Présidence de la République, ce samedi 18 novembre, le président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno, a promis garantir le bon déroulement du processus référendaire sans s’y mêler et a souhaité que le référendum très prochain se déroule dans la transparence et la crédibilité sans donner lieu à des contestations. Cependant, dans le fond, il contredit son premier ministre à ce sujet précis.
En engageant la responsabilité aux leaders politiques qu’il encourage à accompagner un processus démocratique afin de faire triompher le meilleur idéal qui sera plébiscité par le peuple, Mahamat Idriss Deby Itno a déclaré que « Vous savez que le référendum constitutionnel prévu le 17 décembre prochain est plein d’enjeux. Car il s’agit non seulement de déterminer la forme de l’Etat mais poser le socle de la refondation de notre nation ». Une déclaration qui contraste frontalement avec celle du premier ministre Saleh Kebzabo qui clame depuis le 15 février 2023, que le référendum n’a aucun enjeu particulier.
Justement, le 15 février dernier, devant un parterre des chefs des partis politiques qu’il a conviés au Palais du 15 Janvier, après que ceux-ci avaient été reçus par le président de la transition le 27 janvier, Saleh Kebzabo avait déclaré péremptoirement que « c’est un passage obligé, ce référendum. Qu’il soit organisé par le gouvernement a surpris certaines personnes, mais c’est tout à fait normal que le gouvernement gère cette élection parce que ce n’est pas une élection avec des enjeux particuliers… ».
Pourquoi organiser un référendum sur un sujet sans enjeux ?
C’est donc en vertu de cette approche que le gouvernement de la transition a caporalisé l’organisation de ce référendum, sans esprit de diversité idéologique ni d’autre sensibilité sociopolitique. Une déclaration battue en brèche, en son temps, par l’ancien premier ministre, Pahimi Padacké Albert qui s’interrogeait en ces termes « le gouvernement veut nous faire croire maintenant qu’il se réserve, à lui seul, sans témoin, l’Organisation du référendum sur la forme de l’Etat, parce que ce référendum serait « sans enjeux particuliers…Alors, pourquoi organiser un référendum sur un sujet sans enjeux pour le peuple ? »
Le leader du NNDT-Le Réveil avait précisé « en toute humilité, la forme de L’Etat est un enjeu national et reconnu comme tel par le Dialogue national inclusif et souverain. Le gouvernement doit laisser la CENI s’occuper de ce référendum ».
Malheureusement, le gouvernement n’a pas entendu raison et a voulu, vaille que vaille, organiser à lui seul ce référendum, aujourd’hui boycotté par plusieurs partis politiques qui envisage divers moyens pour empêcher sa tenue prévue le 17 décembre prochain. Tout le monde sait désormais que les Tchadiens s’apprêtent à passer une élection sous contrôle avec tous les risques de troubles politiques.
C’est donc surprenant d’entendre le président claironner que ce référendum « est plein d’enjeux » alors que son propre gouvernement a pris le soin de le galvauder. C’est donc une hypocrisie et un aberrant mensonge que d’espérer et s’attendre à un référendum transparent et crédible, à un moment où l’arbitre et en même temps joueur.