Tchad : la machine de l’arnaque référendaire pourra-t-elle s’estomper ?

Le mot « refondation », répété à cor et à cri depuis les premiers mois qui ont suivi la mise en place de la transition, est vidé de toutes ses substances. La refondation est d’autant plus galvaudée, que les préparatifs devant conduire à l’établissement de nouvelles institutions à travers les nouvelles lois ont conduit à ce que tout le monde voit bien désormais : les dirigeants de la transition sont mus par des intentions à ne point favoriser la primauté des valeurs démocratiques. Heureusement, bien que tard.

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Les organisations partenaires et pays amis du Tchad, qui ont adoubé les autorités de la transition, au nom de la stabilité sous régionale, sans une prudence, sont passés, aujourd’hui aux regrets, ahuris qu’ils sont face aux actes que posent les autorités de la transition du Tchad. Eux qui ont été englués dans ce qu’il était convenu d’appeler « exception tchadienne de la situation tchadienne ». Pourtant, qu’à cela ne tienne, les prémices d’actes commis dès l’entame, y compris certaines dispositions de la première Charte de transition, laissaient entrevoir clairement la mauvaise foi des dirigeants de la transition. C’est donc à dire que l’ensemble des organisations internationales et bilatérales, et certains des pays amis du Tchad sont aujourd’hui victimes de leur propre turpitude, eux qui ont manqué de voir les intentions manifestes de confiscation du pouvoir d’État au profit des militaires, dont le chef est le fils du défunt président.

Aujourd’hui, l’Allemagne est le premier pays à payer cher ce prix, pour la mauvaise foi de Mahamat Idriss Deby Itno et sa suite qui travaillent, nuit et jour, à s’assurer de la confiscation effective des rênes d’État. Le 7 avril, son ambassadeur à N’Djaména, Jean Christian Gordon Kriche, a subi une expulsion affligeante, de manière totalement cavalière. Les autorités de N’Djaména lui reprochent de s’immiscer dans les affaires internes du Tchad. Pourtant, Berlin soutient que son ambassadeur « a exercer ses fonctions d’ambassadeur à N’Djaména de manière exemplaire et a défendu les valeurs de l’Union européenne », à savoir la limitation de la transition dans un bref délai et dans le respect des libertés publiques et de la démocratie.

Une élection rapide et sans les dirigeants de la transition

Dans sa communication actant l’expulsion de l’ambassadrice du Tchad à Berlin, Mariam Ali Moussa, le gouvernement allemand a d’ailleurs indiqué que la position de son ambassadeur était l’émanation de son ministère des affaires étrangères et de l’Europe. L’Union européenne qui sort également de sa zone de confort d’affirmer désormais une position tranchée sur le respect d’une transition courte et démocratique à l’issue de laquelle les dirigeants de la transition ne doivent pas être candidats.

Ce principe d’inéligibilité des dirigeants de la transition est, pour l’heure  la seule garantie d’une fin plausible de cette transition pour le moins malicieuse. Dès lors que le président et les membres du gouvernement de la transition auront en leur cœur qu’ils travaillent à un retour à l’ordre constitutionnel, même de bonne ou mauvaise grâce, ce sera le début du processus pour l’intérêt du peuple et pour la République à inventer.

Mais pour le moment, rien qu’au niveau des préparatifs de ce référendum constitutionnel, l’on assisté à un filou avec une sorte d’offre mécaniquement disproportionnée à l’avantage majoritaire du système qui est la suite logique de celui qu’a incarné le Mouvement patriotique du salut, qu’on prétend refonder aujourd’hui. La plus grande arnaque dans ce processus référendaire consiste à faire admettre au peuple que le référendum donnera la possibilité aux Tchadiens de choisir le type des institutions qu’ils voudront. Et, c’est ce que véhiculent des acteurs politiques acquis à la cause du général Mahamat Idriss Deby Itno, qui sont placés soit au gouvernement, soit au CNT ou soit dans les institutions étatiques. Une véritable escroquerie intellectuelle. Ces dires sont tellement pleins de contorsions politiques que même les parties prenantes au processus ne parlent plus le même langage.

Ce sont des recettes déjà connues

Ce qui est évident mais qui reste subtile, le référendum en cours des préparatifs pour la prochaine constitution est porteur des germes d’une menace nationale dans la mesure où il vise à accoucher d’une constitution taillée sur mesure pour consacrer le règne ad vitam æternam de Mahamat Idriss Deby Itno. Et pour faire aboutir ce mesquin dessein, il faut mettre à contribution, à travers un simulacre de consultation, le peuple pour quelque chose qu’il ne connaît absolument pas.

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La vérité est que la commission en charge de la rédaction du projet de ladite constitution a travaillé dans le secret absolu. Et le draft en question n’est même pas accessible aux acteurs politiques. Et comme pour paraphraser Georges Clémenceau « si l’on veut enterrer un problème il faut créer la commission ». Comme tel, le désir d’une partie même du peuple exprimé lors du dialogue est en train d’être enterré, méthodiquement pour passer à autre chose. L’on se souvient encore comment en 2018 et 2020 des juristes occultes ont torpillé le projet de la constitution voté à la fin du forum national inclusif 1 et 2.

Aujourd’hui, ce sont ces mêmes excellents mauvais juristes qui coiffent sa rédaction. Que peut-on donc attendre de mieux, honnêtement. Comme dirait quelqu’un « on ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ». C’est pourquoi quiconque voudrait encore être crédible n’a pas à croire en tout ce qui se conspire en ce moment à N’Djaména. Ce sont des recettes de la maffia déjà connues. Parce que tout compte fait, les autorités en place sont des drap-housses du régime Deby, expérimenté dans la duperie et la duplicité.