Ce titre (du mensonge en politique) évocateur et dénonciateur est l’intitulé de l’essai politique de l’écrivaine et philosophe, Annah Arendt, il y a exactement 50 ans au sujet des documents du Pentagone provoqués par une révélation de l’enquête journalistique concernant la guerre du Vietnam.
« La mission d’une importance considérable d’une presse libre et non corrompue est au service du droit à une information véridique et non manipulée, sans quoi la liberté d’opinion n’est qu’une cruelle mystification ».
Par ces temps, nous assistons, au Tchad, comme dans des pays identiques, à une institutionnalisation des fraudes et des mensonges tous azimuts. Au Tchad, de l’organisation de la présidentielle de 2021, jusqu’aux tueries du 20 octobre 2023 en passant par la mort d’Idriss Deby Itno, l’organisation d’un simulacre du dialogue et de la consécration du président Mahamat Idriss Déby, l’Etat a perdu tout sens éthique et toute vertu morale.
Le plus proche de nous, c’est la nationalisation des actifs et tous les droits de la société pétrolière Esso. Le gouvernement de la transition du Tchad a procédé du mensonge qui a été réaffirmé sans gêne devant ce qui tient lieu de la représentation nationale la semaine dernière. Pourtant, les faits sont là. C’est un gros mensonge au sujet duquel l’on se demande comment sera faite la suite.
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Il est vrai, le marigot politique, mesuré à l’image de la morale politique dégagée de #les_Mains_sales de l’écrivain et homme politique français, Jean-Paul Sartre, voudrait qu’il y ait le règne du mensonge dans l’arène politique. Cependant, une chose est certaine : la gestion des affaires d’Etat ne doit pas du tout être conduite dans une sorte de couvercle de mensonge qui prive presque l’ensemble des citoyens de la véracité des actions publiques.
Mais face à cette situation, c’est la responsabilité des médias à donner l’accès aux informations vraies aux citoyens pour qui les gouvernants exercent au nom de l’Etat qui se trouve engagée. C’est pourquoi la presse existe.
Curieusement, force est de constater qu’aujourd’hui, le mensonge, non seulement gagne du terrain, mais est érigée en règle de la gouvernance. Même les faits qui sont à la portée du public sont tronqués à fond par des gouvernants afin de dissimiler les actions publiques. Les médias sont devenus des relais de ces mensonges angoissants.
Pour mémoire, après la mort d’Idriss Deby Itno, beaucoup d’acteurs, comme citoyens, avaient cru que le mode de gestion publique allait changer, un tout petit peu. Fort malheureusement, au gré des événements qui se sont succédé et de la succession des segments de la transition, nous constatons avec consternation que le mal s’est davantage enlisé. La porosité de la scène publique est telle que la vie politique nationale a perdu tout sens moral au point que l’on peut être tenté de se demander quel est le mécanisme psychologique des gouvernants.
Sortir de l’auberge
Une telle situation interroge naturellement la conscience des intellectuels et observateurs de la sphère politique nationale. Mais la perte d’espoir vient du fait que les médias ont abandonné leur matière, l’information, au profit de la communication événementielle. Face à cette absence criarde du contre-pouvoir, il convient de réveiller les médias, qu’il reste encore de sérieux à repartir aux fondamentaux. Il ne reste qu’à assigner ce qui est de l’essence même de la presse « la première obligation est à l’égard des citoyens ; la première rigueur est le respect de la vérité ; et la première discipline, la vérification des faits ». Telle est notre rengaine, en tant que blog.
Malgré cela, alors que la démission des médias de leur responsabilité semble désespérante, le seul gage pour sauvegarder les valeurs de l’Etat reste les intellectuels et des acteurs politiques, qui croient encore dans le changement afin de promouvoir des moyens qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication qui sont le meilleur moyen de retrouvailles. Le comble est que les politiciens n’ont plus honte de mentir ni fondre dans des fraudes les plus odieuses. C’est une lutte qui vaille d’être engagée.
Il faut coûte que coûte retrouver cette voie afin de tenter de moraliser la vie publique. Sans cela, nous assisterons désespérément à cette dépravation qui conduit le peuple au bout de ce qu’a déploré, dans l’un de ses morceaux, l’artiste et homme politique tchadien, Béral Mbaïkoubou, pour qui « la malhonnêteté nous a emportés, nous avons tué la vérité ». Et à ce rythme, il ne restera aucune valeur à promouvoir.
Le blog rada-a.net est un outil qui est né pour participer à ce combat. Défendre les valeurs ; promouvoir les droits universels ; promouvoir la bonne gouvernance ; défendre les intérêts nationaux dans les partenariats internationaux. Nous concevons ce blog dans la perspective d’un média ami ou compagnon. C’est ce contrat qui nous liera. L’aventure est longue.
Bonne lecture à tous, en toute confiance !