Depuis octobre 2022, pour ne circonscrire la situation qu’après la manifestation savamment ensanglanté, il n’est pas rare de remarquer un ‘’Ateletico’’ oratoire entre Mahamat Deby, président de la transition et Succès Masra, le président des Transformateurs, son opposé. Très proche d’un jeu d’enfant, ces attaques et contre-attaques ne s’inscrivent aucunement dans une des branches de la communication politique, encore moins de la persuasion discursive. Le contexte étant fondamentalement inapproprié.
Le cadre dans lequel ces deux personnalités publiques (et non politiques au sens socratique du terme) alternent leur venin ne se prête pas aux jeux de mots. Puisque politiquement, le Tchad n’est pas en période électorale où chacun pouvait essayer de se frayer un chemin à dessein électoral en se tirant l’un sur l’autre à boulets rouges.
Mahamat Deby ne doit perdre de vue son statut de Président de transition dont la durée de règne est relativement courte. Il n’est pas un président élu. Il n’a pas de parti politique. Il n’a pas d’opposant, quoique dans les faits il estime que tous ceux qui s’opposent à son autorité sont ses adversaires. Pour se faire respecter et respecter la transition, il ne gagne rien en s’en prenant à Masra dans un style langagier (fond et forme) purement ludique et enfantin. Sur le plan analyse comportementale et psychologique, l’on peut déduire facilement que le président de la transition manque de personnalité pour diriger un pays.
La transition, universellement, si elle est bien conduite, est dense en projets et défis qui ne laissent aucune portion aux débats creux de la vie sociopolitique. Malheureusement, Mahamat Déby semble ignorer que le dialogue national inclusif lui a donné mandat de poursuivre les négociations avec les entités encore en marge du processus et qui se méfient de sa vision. Diaboliser Succès Masra revient à dire qu’il n’aime pas le dialogue et la réconciliation avec une partie de Tchadiens. C’est pourquoi Mahamat Deby doit apprendre à pardonner, dépassionner tout débat, cultiver l’humilité et tendre plus long sa main, si du moins il était encore sincère et crédible.
Le Président du Parti Les Transformateurs, lui de même, considérant l’illégitimité du Président MIDI n’a pas intérêt à rétorquer coup sur coup aux invectives du président de la transition, si bien que les faits qui se succèdent jour après jour militent en faveur de l’engagement de Succès Masra. Il n’en est en réalité pas obligé. Communication s’il doit y avoir de son côté, devrait être officielle, planifiée, et cadrée, en lien justement avec ses actions politiques et son engagement à contester vaille que vaille les autorités de la transition et leur volonté à confisquer le pouvoir.
Ainsi, il ne devra pas perdre de son focus et son estime vis-à-vis de certains Tchadiens qui croient en lui et de ses partenaires. Ne pas tomber plus bas : telle est la meilleure recette. D’ailleurs, les internautes tchadiens s’occupent déjà si bien de la critique des sorties ratées de Mahamat Idriss Deby et de ses propos malencontreux.
Nous avons encore souvenance de la mauvaise communication politique qui a coûté cher à Eric Zemmour et Marine Le Pen lors des élections précédentes (2017 et 2022) en France : le sensationnel qui a dévié tout sondage en faveur de d’Emmanuel Macron, facilement domptable. Certes, le contexte français n’est pas à confondre à celui du Tchad, mais nous avons à faire à une situation transitoire dans laquelle, il faut éviter de perdre ses énergies dans les petites choses.
Dans cette parodie oratoire de Mahamat Idriss Deby vers Masra Succès, c’est le peuple qui a du mal à fixer son curseur. Il titube face cette transition malmenée et sans lendemain. Cet enfantillage n’honore personne et n’aide en rien le peuple tchadien. C’est à la limite un mélodrame politique.